vendredi 10 décembre 2010

Nouveau - Carnet d’occupation (annexe photographique de ce blog)

Carnet d’occupation a pour vocation de présenter mes photographies réalisées au sein des territoires palestiniens en vu de témoigner des souffrances quotidienne d’un peuple.
Vivre sous occupation c'est ployer sous une chape de faits humiliants, mais aussi subir une pression morale qui accable chaque instant et s’immisce dans toutes décisions, se sentir à la merci d'une injustice aveugle qui pourra vous saisir en tous lieux et à toutes heures...

Carnet d'occupation est le témoignage visuel de ce que j'ai vu, vécu et de ce que les Palestiniens endurent chaque jour. Ces jours qui s'écoulent et qui charrient leurs lots de larmes, de déchirures et d'injustices ...

Lien : Carnet d’occupation (ou en cliquant sur le Diaporama)

jeudi 9 décembre 2010

Mode opératoire des négociations israélo-palestiniennes... les recettes d'échecs assurés.

« Comme ses prédécesseurs, le président américain Barack Obama semble s'être à son tour cassé les dents sur le conflit du Proche-Orient qui perdure depuis plus de 60 ans.

Son incapacité à obtenir une reprise sous égide américaine du dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens met fin à l'illusion qu'il pourrait être réglé d'un coup de baguette magique - qui plus est dans un délai d'un an. »

Tel est l’extrait d’une dépêche Reuters publiée par le Point.fr en ce mercredi 08 décembre 2010. [Lien – LePoint.fr –Barack Obama se casse les dents sur le conflit du Proche-Orient]

Mais comment avons-nous pu entretenir l’espace d’un instant une illusion aussi puérile ?

En effet, avons-nous cru que la seule accession du pouvoir à M. Obama inverserait de facto cette politique israélienne si profondément assumée ?

Pourquoi même alors qu’aucun changement d’approche important n’a été entrepris, Israël devrait pour les beaux yeux de M. le Président américain assouplir sa politique ?

Pourquoi en effet ?

En considérant l’histoire contemporaine d’Israël on peut constater que de toutes les opérations majeures (aussi destructrices soient-elles, aussi contraires aux droits de l’homme) entreprises par Israël le pays n’en ressort qu’avec des dommages minimes (ou aucun … si ce n’est de stériles déclarations)

Pour appuyer cette affirmation il n’y a qu’à considérer les faits :

- Accession d’Israël à l’OCDE [Lien - sur ce Blog - Israël intègre l'OCDE ... ou le plébiscite de sa politique ]

- Signature et maintient des programmes de coopération Israël – Europe et accord d'association entre l'Union européenne et l'État d'Israël [Lien - Commission européenne - Programmes de coopération extérieur]

- Aide militaire américaine à Israël [Lien – Nouvelobs.com - Aide militaire américaine à Israël de 30 milliards de dollars sur dix ans ]

- Utilisation depuis 1967 à 39 reprises du droit de veto américain pour empêcher la condamnation d'Israël par le Conseil de Sécurité. [Lien – Lepost.fr - Liste des vetos américains au Conseil de Sécurité des Nations unies concernant le conflit israélo-palestinien]

- Les très nombreux avantages et cadeaux dont bénéficie Israël en provenance des puissances étrangères. Ainsi, le jour même où les Etats-Unis renonce à la demande d’arrêt de la colonisation la chambre des représentants américains approuve l'octroi de plus de 200 millions de dollars pour aider Israël à déployer un système de défense antimissile [Lien – AFP - Aide américaine à Israël pour un système antimissile]. L’article se poursuivra en citant le démocrate Steve Rothman : "Il s'agit du dernier exemple qu'en matière de coopération militaire, de défense et du renseignement, la relation entre les Etats-Unis et Israël n'a jamais été aussi forte"

- Et lorsque M. Obama semble vouloir hausser le ton il est vite rappelé à l’ordre par le sénat [Lien - AFP - Les sénateurs américains réclament une accalmie avec Israël]. Extrait : "Plus des trois quarts des sénateurs américains ont réclamé mardi à l'administration Obama une accalmie dans les relations avec Israël après la polémique provoquée par la construction de logements israéliens à Jérusalem-Est."

C’est avec les moult pressions énoncées ci-dessus que l’on obtient ce type de résultats :

- Israël bafoue actuellement 34 résolutions du conseil de sécurité des Nations-Unis.

- Israël bafoue le droit international, en particulier la close de la convention de Genève qui stipule qu’il est interdit à l’état occupant de transférer sa population civile au sein de territoires occupés. Or qu’est ce que la colonisation si ce n’est l’exacte pratique de cette interdiction ?

- Israël va à l’encontre des décisions prises par la cour internationale de Justice, qui en 2004 avait déclaré illégale la construction du "mur de séparation" et ordonné son arrêt.

- Israël maintient l’étau de son occupation avec ses conséquences malgré les rapports de L'ONU critiquant sévèrement ces faits. Son ainsi relevé : Les assassinats ciblés, la torture, l'impunité des forces de l'ordre et de l'armée, "l'utilisation courante" de mesures de détention administrative sans procès, notamment d'enfants, les restrictions de liberté de circulation, les "fréquentes" démolitions de maisons et d'écoles en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que des discriminations en matière de logement [Lien - AFP - L'ONU critique sévèrement Israël ]

- Ajoutons quelques exemples de hauts-faits les plus récents :

1) Guerre du Liban en 2006. Au moment du cessez-le-feu, le 14 août, 1191 personnes (dont des centaines d'enfants) avaient été tuées et plus de 4400 avaient été blessées [Lien - Rapport d’amnesty international - ISRAËL-LIBAN. Des attaques disproportionnées : les civils, premières victimes de la guerre (RÉSUMÉ)]

2) Guerre de Gaza en 2009 [Lien sur ce Blog – Gaza : Plutôt que de faire face à des faits trop "encombrants" ... Israël déploie l'arsenal médiatique - Cet article fait également une synthèse d'une série d'articles et dépêches datant de l’offensive à Gaza qui relèvent les très nombreux agissements israéliens et violation des droits de l'homme.]

3) Attaque de la flottille pour Gaza [Lien – Courrier international (Trad. The Independent) - L'insupportable silence des politiciens occidentaux]

Voilà donc le fruit de nos courbettes sans cesse répétées et de notre ardeur à dialoguer (selon ces procédés) avec Israël.

On notera que de très nombreux pays ne se conformant pas aux souhaits des "grandes puissances" se voient subir un vaste panel de sanctions … Israël, lui, se voit infligé des rasades de privilèges et cadeaux.

En considérant les bénéfices engrangés par l’actuelle politique israélienne comment ces derniers pourrait-ils vouloir en dévier d’un iota ?

Lorsque les négociations échouent les dons, aides, subventions, partenariats n’en sont nullement affectés.

Lorsque la colonisation dissèque la Palestine, Israël se pavane dans nos hommages à sa démocratie.

Pourquoi céder ne serait-ce qu’un olivier des territoires palestiniens ? Alors qu’à l’heure d’aujourd’hui Israël exploite sans sourciller les richesses de Cisjordanie ….

- Exploitation de la partie palestinienne de la mer morte à des fins touristiques et dans le commerce des produits de beauté.

- Sur-exploitation des aquifères de Cisjordanie au principal profit d’Israël et des colonies [Lien - liberation.fr - Amnesty accuse Israël de priver les Palestiniens d'eau en Cisjordanie]

- Occupation des terres pour y construire des logements civils : environ 500 000 colons comptabilisés entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie.

- Exploitation agricole massive israélienne de la vallée du Jourdain en Cisjordanie.

- Utilisation des terres palestiniennes pour des bases et des entrainements de l'armée, etc, ...

En réalité c'est l’occupation même des peuples qui est prise en charge par les contribuables occidentaux ! Les traités internationaux stipulent pourtant que les besoins des populations occupées doivent être pris en charge par l’occupant [Lien - Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949. ]

Pourtant, dans le cas des territoires palestiniens il n'en est rien ! C’est premièrement l’Europe puis les Etats-Unis qui à coût de milliards débloqués pour l’autorité palestinienne contribuent au non-éclatement des territoires économiquement invivables.

Et voilà qu’après tous ces constats Israël devrait sur de simples demandes américaines : NEGOCIER !!

Mais négocier pourquoi ? Que met-on dans la balance ?

C’est ainsi que ne voulant rien changer sur le mode opératoire, rien ne changera entre Israéliens et Palestiniens. Les premiers continueront de faire semblant de vouloir négocier une paix qu’ils ne recherchent nullement (les faits m'en sont témoins) ; les seconds quant à eux continueront de se voir occuper, déposséder et humilier …

Puis, …

Un jour, …

Quelqu’un comprendra enfin que toute négociation est sous-tendue par un rapport de force … alors … alors s’écrira peut être une nouvelle page de l’histoire proche-orientale !

lundi 6 décembre 2010

L’Argentine et le Brésil reconnaissent la Palestine comme un état libre et indépendant à l'intérieur des frontière de 1967

L’Argentine, le Brésil (et fort probablement bientôt l’Uruguay) reconnaissent la Palestine comme un état libre et indépendant à l'intérieur des frontières de 1967.

La dépêche AFP : L'Argentine "reconnaît la Palestine comme un Etat libre et indépendant"

Evidemment Israël par la voie du porte-parole du ministère des Affaires étrangères juge "regrettable" et "décevante" la décision de l'Argentine de reconnaître la Palestine comme "un état libre et indépendant à l'intérieur des frontières de 1967".

Ajoutant : « C'est une déclaration décevante qui est contraire à l'esprit des accords entre Israël et Palestiniens et de la négociation de paix", a souligné M. Palmor, estimant que "si l'Argentine avait voulu faire une véritable contribution à la paix, il existe d'autres moyens que ce geste purement rhétorique". [Lien – AFP - Israël regrette la décision argentine de reconnaître la Palestine]

Mais …

S’il y a en effet fort peu de chance que cela puisse mener à une inflexion sur le terrain, n’est pas là simplement une approche alternative qui mérite d’être considérée ?

Pourquoi ?

Simplement, parce qu’il semble que les approches envisagées ces 20 dernières années (particulièrement depuis les accords d’Oslo) se sont montrées pour le moins stériles si ce n’est même contraire aux objectifs fixés. Ainsi, j’écrivais dans un article antérieur [Lien : Droit de réponse : Le boycott d’Israël est une arme indigne] : « […] Citez-moi s’il vous plait quelques améliorations dans le quotidien palestinien depuis 60 ans : Plus de colonies, un mur annexant puits et terres fertiles, une vallée du Jourdain confisquée, Jérusalem ceinturée de colonies et catégoriquement hors négociations, des milliers de prisonniers non jugés, l’absence de droit sur l’eau, … Alors quels sont les fruits du CE dialogue prôné? Il n’est en effet pas inenvisageable de poursuivre de la sorte, mais pourquoi vous semblerait-il inenvisageable de revoir nos approches ?

Car effectivement, je pense que c’est par l’unique usage du DIALOGUE que des solutions seront envisagées, mais puisque toute négociation est, avant tout, sous-tendue par un rapport de force, si notre interlocuteur sait pertinemment que l’on cèdera toujours (rapport Goldstone dénigré, résolutions de l’ONU bafouées, illégalité de la construction de mur prononcée par la cour internationale de justice, …), il prendra notre rhétorique pour ce qu’elle est : une douce brise et alors rien ne l’encouragera à opérer quelques virages.

Tant que nous nous contenterons de vaines déclarations et que nous piétinerons nous même nos traités internationaux alors OUI rien ne changera … […]

C’est pourquoi, malgré le manque d’influence notable de ces états dans la balance du conflit, l’initiative se montre osée et dénote d’un changement d’approche qui, peut être, petit à petit infléchira doucement l’excès d’aveuglement dont nos pays occidentaux sont victimes.

mercredi 24 novembre 2010

Aperçu d’une semaine à Jérusalem-Est

Pile un Premier ministre qui appelle les Palestiniens à la table des négociations ; Face : démolitions, expulsions, réquisitions, destructions malgré des jugements de tribunaux israéliens ordonnant un sursis, ... tout cela en quelques jours à Jérusalem-Est.

Lien – AFP - Démolitions à Jérusalem-Est et Cisjordanie, une maison prise par des colons

Article & photographies (Anne Paq) à propos de l'installation des colons : Les colons ont pris une maison palestinienne,Jabal Mukaber, Jérusalem-Est, 23.11.2010

mardi 23 novembre 2010

Une exposition qui dérange - Gaza sous l’œil de Kai Wiedenhöfer

A Paris, les locaux du musée d'Art moderne accueillent une exposition du photographe Kai Wiedenhöfer présentant les conséquences tragiques sur les populations civiles des frappes israéliennes à Gaza. (Lien – Reportage Arte : Photographie : Gaza sous l’œil de Kai Wiedenhöfer & Le reportage France 3 : Gaza 2010 – Regards sur une terre meurtrie)

Mais ces clichés ne sont visiblement pas du goût de tous. Ainsi, dimanche l’exposition a due être fermée en raison d'une manifestation d'un groupe pro-israélien [lien – AFP - Fermée dimanche après une manif, une expo photo sur Gaza va rouvrir mardi].

Des incidents ont d'ailleurs éclaté avec les agents de sécurité. [Lien - Metro - Tensions autour de l'expo de Gaza]

lundi 22 novembre 2010

Chroniques des murs ...

Berlin, 21 ans après ...


La Palestine d'hier et d' aujourd’hui … mais demain ?














Quelques autres articles traitant du mur "de séparation" sur ce blog* :

- Mur de Berlin …

- Le ghetto de Bethlehem (Spécial photographies)

- Bâtir le ghetto d'Al-Walaja (Mur en cours de construction)

- Check-Point de Bethlehem (L'humiliation à subir pour passer entre Bethlehem et Jérusalem)

- Manifestation contre la construction du Mur et l’annexion des terres de Beit-Jala (construction du mur sur les terres de Beit-Jala)

*D'autres articles traitent également du sujet pour cela se référer aux archives du blog.

dimanche 21 novembre 2010

Antisémitisme et critique du gouvernement israélien

Antisémitisme et critique du gouvernement israélien est un article rédigé par Pascal Boniface (Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l'Institut d'Etudes européennes de l'Université de Paris 8.) qui met en lumière les tentatives d’amalgames entre critique d’Israël et antisémitisme.

Extraits :

« […] Mais, disent certains, l'antisémitisme se réfugie désormais derrière la critique d'Israël. Il y a une assimilation faite entre antisémitisme, antisionisme et critique de la politique du gouvernement israélien. Ce sont pourtant des notions tout à fait différentes. La confusion qui est opérée à leur égard n'est pas innocente, elle vise à protéger le gouvernement israélien.

Il ne viendrait à personne l'idée d'accuser de racisme quelqu'un qui critiquerait le gouvernement américain, russe, chinois ou autre. S'élever contre la politique étrangère de George Bush par exemple en condamnant la guerre d'Irak, s'inquiéter de la situation des droits de l'homme en Chine ou du sort des Tchétchènes en Russie ne conduit pas à être accusé de racisme antiaméricain, antichinois ou antirusse. […]»

Cet article s’inscrit dans la thématique très actuelle de la campagne de boycott des produits israéliens, que certains mouvements tentent de faire passer pour de "la haine raciale" [Pour d’informations sur ce point – nouvelobs.com - 1.000 € requis pour un autocollant "boycott apartheid Israël"]

Et pour élargir encore le débat : Rue89 nous propose cet article : Le boycott des produits israéliens est-il un acte criminel ?

Enfin les articles traitants du sujet sur ce blog :

- Droit de réponse : Le boycott d'Israël est une arme indigne (05 novembre 2010)

- Des procès à l'encontre de citoyens appelant au boycott des produits israéliens (16 septembre 2010)

- Les produits des colonies épinglés par les partisants des droits internationaux (25 mai 2010)

- Un décret palestinien bannit les produits des colonies juives (28 avril 2010)

- Les importations de produits israéliens fabriqués dans les colonies sont illégales (10 mars 2010)

jeudi 18 novembre 2010

Le « salaire de la peur » des chercheurs de gravier (Gaza)

Cet article rédigé par l’A.F.P., mais non-repris dans nos journaux, témoigne des effarants dangers que prennent les Gazouis pour recueillir quelques gravas dans le but de s’approvisionner en matériaux de construction.

Certes, le blocus est censé avoir été allégé en ce qui concerne ces articles, mais dans les faits la prise de tels risques atteste bien de pénuries dramatiques et d’une pauvreté cruelle. Comme d’accoutumé entre l’effet d’annonce visant à affadir les réactions internationales et les réalités de terrain, il y a une faille qui tous les jours coûte la vie à "des chercheurs de gravier".

Extraits de l’article : Le « salaire de la peur » des chercheurs de gravier

"Seuls les plus démunis s'aventurent à proximité de la "zone tampon" de 300 mètres, le long de la frontière avec Israël, dont l'armée interdit l'accès sous peine d'ouverture du feu.
Une zone devenue de plus en plus dangereuse au fil des mois.

[…]

Selon l'ONU et des ONG, Israël a élargi de facto sa zone tampon dans le territoire palestinien régi par le mouvement islamiste Hamas.
Dans un rapport publié en août, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) concluait à l'existence d'une "zone interdite" de 500 mètres de large et d'une "zone à haut risque entre 500 et 1.000 à 1.500 mètres de la barrière frontalière".
L'ONG Défense des Enfants-International (DEI) a recensé sur une période d'environ six mois (26 mars au 14 octobre) 14 ramasseurs de gravier de 13 à 17 ans blessés aux membres inférieurs par des balles israéliennes, de 50 à 800 mètres de la frontière
."

lundi 15 novembre 2010

La zone tampon : une zone à haut risque pour des milliers de Palestiniens de la bande de Gaza.

Un article de Anne Paq* : "Vues de la zone tampon" paru dans le journal luxembourgeois "Le Jeudi" relate la vie oh combien dangereuse des Palestiniens vivant en son sein ou même à ses abords…

Compléments d’informations sur ce blog :

Zone Tampon à Gaza - Le domaine des tireurs d'élite et des obus ...

* Son travail de photographe : Anne Paq - www.annepaq.com

mercredi 10 novembre 2010

Mur de Berlin ...

Il est des lieux dans le monde où les peuples ont eu le courage, l’impertinence et la sagesse d’abattre les murs.

Ainsi, ce dernier à Berlin n’est plus qu’un squelette chancelant, volontairement conservé dans le formol du devoir de mémoire.

Et pourtant, en son temps, combien d’atrocités auront été perpétrées pour lui assurer son irascible inviolabilité : des canons s’y sont fait face, des hommes s’y sont brisés, des rêves de liberté s’y sont anéantis…

Un mur est un aveu d’échec, un dialogue rompu, une forme d’égoïsme, une barrière physique qui se fait mentale au fil du temps…

C’est pourquoi, se prélasser à Berlin devant ces pants aujourd’hui stériles en y contemplant enfants hagards, graffitis vaguement vindicatifs, duos lascifs, ... est si plaisant, car c’est avant tout une victoire sur la bêtise que l’on savoure !



[Berlin, Mauerpark - octobre 2010]

vendredi 5 novembre 2010

Droit de réponse : Le boycott d’Israël est une arme indigne

Veuillez, s’il vous plait messieurs les signataires (M. Bertrand Delanoë, M. Alain Finkielkraut, M. Patrick Klugman, M. François Hollande, M. Bernard-Henri Lévy, ...) accorder quelques secondes à mon pamphlet en réponse à un article frisant la démagogie.

Alors oui, je vacille en considérant votre approche si outrageusement peu nuancée, n’est-on pas en mesure d’attendre propos plus réfléchis de philosophes et intellectuels ?

Je ne citerai que certaines parties afin de mieux mettre en exergue leurs petitesses, mais l’intégralité de l’article permettant de contextualiser chaque phrase est disponible sous le titre : "Le boycott d’Israël est une arme indigne"

Dixit : « Au vu de leur charte, tout ce qui est israélien serait coupable, […].» … Je m’interroge en prenant appuie sur le boycott généralisé de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid : tout ce qui a été Sud-Africain l’était-il : coupable ? Est-ce donc parce que nos états-nations ont boycotté l’économie sud-africaine qu’ils stigmatisaient Mandela ? … Je ne le crois point et vous non plus d’ailleurs !!

[Lien : La lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud Article publié dans la revue Alternatives Non Violentes - Extrait : « Pour venir à bout d'un des système politique les plus odieux que le monde ait connu, deux facteurs se sont puissamment conjugués. Il s'agit d'une part de l'action de masse menée à l'intérieur, toujours plus déterminée malgré une répression féroce et sanglante. D'autre part il y a eu les boycotts économiques, sportifs et culturels développés à l'extérieur par les Organisations Non Gouvernementales et par l'Organisation des Nations Unies »]

Et plus démagogique est encore la fin de la phrase : « […] ce qui donne l'impression que c'est le mot même d'Israël que l'on souhaite, en fait, rayer des esprits et des cartes » … rayer le mot Israël de la carte ! La fameuse réplique, le torchon rouge agité à répétition, susciter la peur pour rallier à sa cause, ce stratagème vieux (et somme toute plutôt vil) comme le monde. Vous placez ainsi (ou en donnez l’impression pour user des mêmes jeux de langue) dans cette réplique, les boycotteurs sur le même plan que les groupes extrémistes niant Israël et son existence … Philosophes (signataires) n’êtes-vous pas ceux qui enseignez la nuance !!!

Mais poursuivons : « L'illégalité de la démarche ne fait pas de doute et la justice française ne tardera pas à la confirmer. Mais la justice sera bien en peine de sanctionner ce qui est essentiel dans cette affaire. » En effet, je me permets de recontextualiser ce qui EST ESSENTIEL dans cette affaire : c’est que des produits issus des colonies israéliennes de peuplement inondent les marchés européens en toute illégalité ; car L’Union-européenne et la France sont signataires de nombreux traités rendant l’importation de ces produits illégale ! Ainsi :

- Le droit international interdit l’exploitation économique de territoires occupés.

- L’Union-Européenne et Israël prévoient une clause de suspension de leur accord d’association en cas de non-respect des droits-humain. (Cela va ainsi au delà des simples produits issus de la colonisation)

- Enfin Israël refuse de répondre aux exigences de traçabilité de l’Union européenne en indiquant « Made in Israël ».

Ainsi, dans la mesure où nos états rechignent à appliquer ces traités, le consommateur souverain peut lui palier à ces manquements.

[plus d’informations sur ce blog : Des procès à l'encontre de citoyens appelant au boycott des produits israéliens ]

Continuons : « nous sommes convaincus que les boycotteurs se trompent de combat en prenant le parti de la censure plutôt que celui de la paix, celui de la séparation plutôt que celui de la possible et nécessaire coexistence - celui, en un mot, de la haine et non de la parole et de la vie partagées. ». La mesquinerie d’associer un acte citoyen dans ses choix de consommation et donc de facto dans ses choix de "non-consommation" au mot "haine", n’est même plus digne d’un bon discours de propagande, tant il est simpliste.

« Et rien ne saurait autoriser que l'on applique à la démocratie israélienne un type de traitement qui n'est réservé aujourd'hui à aucune autre nation au monde, fût-elle une abominable dictature. ». Messieurs, voilà un extrait des conséquences de l’embargo sur l’Irak (alors certes ce n’est pas un boycott, c’est encore plus abject, surtout quand on sait combien cela peut être efficace par rapport à l’impact minime d’un boycott de denrées israéliennes) Extrait de : Le peuple irakien première victime de l’ordre américain: « Souffrant d’un déficit calorique de plus de 50%, estime l’UNICEF, quelque 3,6 millions de personnes (sur une population de 18 millions) sont menacées de graves problèmes de santé. On compte parmi elles 2,25 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans, des femmes enceintes ou qui allaitent. L’organisation de l’ONU prévoit une hausse du taux de mortalité (qui aurait déjà doublé en trois ans) et des séquelles durables chez les enfants, qui subiront une baisse notable de leurs capacités intellectuelles. »

Je répète donc vos propos riches de nuances de d’enseignement de l’histoire : « qui n'est réservé aujourd'hui à aucune autre nation au monde, fût-elle une abominable dictature. ».

Alors certes, cet exemple appartient au passé : Peut-on alors évoquer l’embargo sur l’Iran, la Corée du Nord, … Des états voyous répondrez-vous ?… des populations civiles terroristes me permettrai- je de rajouter ?

Constatez aussi combien votre approche est manichéenne : « la globalité du rejet et sa bêtise ». Qui parle de globalité, si ce n’est vous ? Toute personne jusqu’alors est seule maîtresse de ses choix et peut, forte de ses pouvoirs décisionnels et CES DROITS, les nuancer comme bon lui semble. Il n’y a dans le boycott que des propositions que chacun appliquera ou point selon les convictions qui lui sont propres.

Enfin ces messieurs qui se font les chantres du dialogue : « Nous pensons que notre rôle est de proposer un chemin de dialogue. ». Ont-ils pu mesurer combien notre souplesse (celle de nos états) a porté ses fruits ? Citez-moi s’il vous plait quelques améliorations dans le quotidien palestinien depuis 60 ans : Plus de colonies, un mur annexant puits et terres fertiles, une vallée du Jourdain confisquée, Jérusalem ceinturée de colonies et catégoriquement hors négociations, des milliers de prisonniers non jugés, l’absence de droit sur l’eau, … Alors quels sont les fruits du CE dialogue prôné? Il n’est en effet pas inenvisageable de poursuivre de la sorte, mais pourquoi vous semblerait-il inenvisageable de revoir nos approches ?

Car effectivement, je pense que c’est par l’unique usage du DIALOGUE que des solutions seront envisagées, mais puisque toute négociation est, avant tout, sous-tendue par un rapport de force, si notre interlocuteur sait pertinemment que l’on cèdera toujours (rapport Goldstone dénigré, résolutions de l’ONU bafouées, illégalité de la construction de mur prononcée par la cour internationale de justice, …), il prendra notre rhétorique pour ce qu’elle est : une douce brise et alors rien ne l’encouragera à opérer quelques virages.

Tant que nous nous contenterons de vaines déclarations et que nous piétinerons nous même nos traités internationaux alors OUI rien ne changera … Et ce mouvement de boycott n’est que le fruit de ce manque de courage étatique. Les citoyens tentent par leurs modestes moyens de contrebalancer les manquements de leurs états. Nous citoyens avons la liberté d’opérer nos choix et ces derniers peuvent être dictés par la conscience que nous portons sur le monde : c’est assurément notre plus stricte liberté que de boycotter.

vendredi 29 octobre 2010

Colonisation … où en est-on ?

Selon le mouvement israélien La Paix Maintenant : "Les constructions dans les implantations juives de Cisjordanie ont repris à un rythme quatre fois supérieur à celui qui était en vigueur avant le gel de la colonisation qui a pris fin le 26 septembre" [Lien – France 24 - La colonisation israélienne s'est intensifiée depuis le 26 septembre]

Mais, dans tous les cas, ce moratoire restait principalement un effet d'annonce, car on notera qu'il ne concernait : ni les chantiers engagés avant le 25 novembre, ni la construction de bâtiments publics (comme les écoles et les synagogues), ni l’ensemble de Jérusalem-Est. [Lien – Le Monde.fr – Colonisation israélienne : le moratoire de la discorde]

D'ailleurs alors même que le moratoire était en vigueur de nombreuses violations de ce dernier ont pu être constatées. [Lien sur ce Blog - Cisjordanie: 492 violations du «gel» de la colonisation]

Pour une idée plus claire des réalités de terrain, l’association "Américans for peace now" propose une carte interactive présentant l’état de la colonisation :



jeudi 21 octobre 2010

Chronique des difficiles cueillettes d’olives en Palestine.

Chaque année ce même et amer scénario se répète …

« Un épais nuage noir se dégage de l'oliveraie. Sous le regard de soldats israéliens, des paysans palestiniens s'efforcent d'étouffer à coup de branchages les feux allumés par des colons. La saison de la cueillette des olives en Cisjordanie a commencé. […]

"Quand on a vu les flammes, nous avons appelé les pompiers, mais l'armée les a empêchés d'approcher pour éviter des heurts avec les colons", s'insurge le vieux paysan. […]

Pour un de leurs (NDLR : Les colons) maîtres à penser, feu le rabbin Mordehai Elyahou, pas de doute: "Cette terre est l'héritage du peuple d'Israël. Si un gentil (non-juif) plante un arbre sur ma terre, l'arbre et son fruit sont à moi" ». [L'ensemble de ces extraits est issu de: Coups de feu et oliviers brûlés: la cueillette a commencé en Cisjordanie – AFP]

Mais ces faits consternants ne s’arrêtent pas là, les colons jouissent d'une totale impunité qui ne peut que les encourager à poursuivre leurs violences.

« Les colons juifs de Cisjordanie qui s'en prennent aux arbres appartenant à des Palestiniens ne sont jamais traduits devant la justice israélienne, affirme mardi dans un rapport une organisation des droits de l'Homme sur la base d'une centaine de plaintes, toutes classées. […]

Aucun des 97 cas examinés faisant l'objet d'une enquête policière n'a entraîné l'inculpation des suspects de vandalisme sur des arbres appartenant à des Palestiniens […]

Cet échec ne fait qu'augmenter le phénomène, puisque les agresseurs ne sont pas punis et donc pas dissuadés de recommencer", souligne Lior Yavne, le responsable de l'étude.[…]

Des statistiques annuelles compilées par Yesh Din montrent que près de neuf plaintes sur dix de Palestiniens pour des agressions attribuées à des colons ne débouchent sur aucune poursuite.»

[L'ensemble de ces extraits est issu de : Impunité pour les colons auteurs de dégradations d'arbres palestiniens – AFP]

Pourtant selon un rapport de l'ONG Oxfam [Rapport complet : The Road to olive farming – Article lié : Cisjordanie: les recettes de l’huile d’olive pourraient doubler si les restrictions israéliennes prenaient fin) l’olive palestinienne est un véritable trésor qui : « qui apporte jusqu’à 100 millions de dollars de revenus annuels à certaines communautés parmi les plus pauvres de Palestine » et d’ajouter : « Avec peu d’investissements et de simples changements dans les pratiques agricoles, les cultivateurs d’olive palestiniens pourraient doubler leurs revenus et produire continûment des olives de qualité supérieure qui pourraient se positionner sur le marché national et sur les marchés étrangers » MAIS :

« Cependant, de tels investissements n’auront que des effets limités tant qu’Israël, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, continue ses actions qui empêchent les agriculteurs palestiniens d’accéder à leurs terres et à leurs moyens de subsistance - et aux marchés internationaux »

Le rapport mentionne également : « Étant donnée la présence de nombreuses colonies israéliennes et d’avant-postes - tous illégaux selon le droit international – en Cisjordanie, les colons attaquent ou harcèlent régulièrement les cultivateurs d’olive palestiniens, et d’autant plus pendant la saison des récoltes. »

C’est ainsi que chaque année les paysans palestiniens sont agressés, voient leurs champs ravagés, perdent une ressource qui serait à même de leur apporter une vie meilleure et tout cela sous le regard complaisant d’Israël quand il ne s’agit pas simplement d’un encadrement de son armée au saccage.

Un autre article relatif à la cueillette d’olives sur ce blog :

- Cueillette d'olives à Tel Rumeida (Hébron) – 24 octobre 2008

Zone Tampon à Gaza - Le domaine des tireurs d'élite et des obus ...

La bande de Gaza, un étroit ruban de terre d'une largeur de 6 à 12 km sur une longueur de 42 km, l'une des zones les plus densément peuplées au monde avec 1,6 millions de Palestiniens y vivant.

Et pourtant au sein de cette prison à ciel ouvert un no man’s land, dénommé "zone tampon", situé entre le "mur de séparation" et jusqu’à 300 mètres à l’intérieur des terres a été instauré par Israël. Pénétrer dans cette zone c’est : Risquer d’être abattu !

Selon une étude de l'ONU, entre janvier 2009 et août 2010, au moins 22 civils palestiniens à Gaza ont été tués et 146 blessés dans la zone de tir arbitraire à côté de la frontière avec Israël ou celle imposée dans la mer. Entre le 22 mai et le 14 octobre 2010, DCI-Palestine a documenté 12 cas d'enfants qui ont été pris pour cible et blessés alors qu'ils collectaient des gravats près de la Ligne [Informations extraites de : Chroniques de Palestine].

C’est ainsi qu’au sein de cet îlot de misère, hommes, femmes et enfants se voient contraints d’abandonner 30 % de leurs terrains agricoles aux tireurs d’élites.

Mais qu’à cela ne tienne, bien souvent l’armée s’affranchie de cette limite et les humbles tombent sous une rafale soudaine.

Une amie, photographe se trouve actuellement à Gaza aussi je vous invite à lire les témoignages poignants qu’elle récolte au gré de souvent trop tristres rencontres :

- Ahmad, 17 ans, blesse à balles réelles dans la "zone tampon" - 19.10.2010

- Je cherche encore la tête de mon fils, Beit-Hanoun, Gaza - 12.10.2010

mardi 19 octobre 2010

Un garçon palestinien renversé par un colon interrogé par la police

Extrait de la dépêche AFP [Lien - AFP - Un garçon palestinien renversé par un colon interrogé par la police] : « Imran Mansour et son camarade Iyad Gheit, 10 ans, se tenaient sur la route, au milieu d'un groupe de jeunes manifestants masqués qui jetaient des pierres, lorsqu'une voiture sortant d'un virage a foncé sur eux, ont raconté des témoins et un photographe de l'AFP présents sur les lieux. »

[…]

Le chef de la police de Jérusalem, Shmulik Ben Ruby, a identifié le conducteur comme étant David Beeri, le dirigeant local d'un mouvement radical de colons juifs, Elad, qui milite pour la colonisation juive dans la Vieille ville et à Jérusalem-Est, annexée et occupée depuis 1967.

"M. Beeri a été interrogé sur cet incident le 8 octobre et relâché ce même jour", a indiqué M. Rosenfeld. »

Droits d'image - Activestills

Assurément jeter des pierres sur des voitures de colons est un acte dicté par la rage, insensé... Et foncer en voiture sur un enfant ? A qui devrait échoir le blâme ? Et encore quel euphémisme un blâme alors qu’il s’agit d’avoir reversé un enfant ! Mais, il semble que non : la dépêche précise bien : « M. Beeri […] relâché ce même jour »

Alors attardons-nous un instant sur ces pierres. De toute évidence, elles ne seront jamais source de solution … mais quelle est l’origine de cette rage ? Pourquoi ces gamins de Jérusalem-Est y ont-ils recours ?

- Peut être parce que le maire de Jérusalem souhaite détruire 22 maisons au cœur de leur quartier [Lien – AFP - Le maire de Jérusalem veut relancer un plan controversé pour Jérusalem-Est]

- Peut être parce que : « des milliers de maisons palestiniennes dans la partie orientale de Jérusalem sont menacées de destruction car construites sans permis des autorités israéliennes. » [Lien – Nouvel obs.com - Trois maisons palestiniennes démolies à Jérusalem-Est]

- Peut être parce que des colons s’installent au cœur de quartiers arabe et s’entourent de milices privées qui n’hésitent pas à ouvrir le feu. [Lien – Le Point - Jérusalem: un Palestinien tué par un vigile chargé de protéger des colons]

- Peut être parce que Jérusalem-Est est déchiré par un mur qui désagrège tous liens entre la capitale revendiquée, ses habitants et les territoires palestiniens. Ce mur qui impose, par un état de faits, une impossible partition de Jérusalem. [Lien – OCHA (Bureau des Nations-Unies) - The Planning Crisis in East Jerusalem (Rapport sur Jérusalem-Est avec : carte du mur, des check-points, des destructions de maisons, ...) ]

- Peut être parce que les citoyens de Jérusalem sont largement discriminés [lien – Libération.fr - Nétanyahou martèle l’indivisibilité de Jérusalem] Extrait : « Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent la discrimination dont les Palestiniens de Jérusalem sont victimes dans les domaines du logement, des infrastructures et des services municipaux. »

- Peut être encore, … pour dix milles autres raisons aussi multiples que Gaza, les réfugiés, les check-points, les …

Alors oui, c’est vrai, il arrive que des Palestiniens se laissent aveugler par la rage … Mais en semant de telles injustices quels fruits espère donc bien récolter Israël ?

lundi 18 octobre 2010

Pour l'envoyé israélien à l'ONU, seule la paix peut arrêter la colonisation

Pour Monsieur Meron Reuben, ambassadeur israélien à l'ONU : seule la paix peut arrêter l’occupation. [Lien – AFP - Pour l'envoyé israélien à l'ONU, seule la paix peut arrêter la colonisation]. Il ajoutera : « Je ne crois pas qu'ils soient d'accord avec notre façon d'agir, mais ils comprennent certainement le fait que les colonies ne sont pas un obstacle pour le processus de paix et pas quelque chose qui va arrêter le processus de paix ».

Je me permets au sein de ma phrase introductive l’assimilation du mot "occupation" au mot "colonisation" car la colonisation n’est ni plus ni moins : « qu'un processus expansionniste d'occupation, qui consiste en l’établissement d’une ou plusieurs colonies par la mise sous influence étrangère d'autres territoires. »

Précisons encore que dans le jargon israélien le mot "occupation" est impropre car il fait pâle figure lors de négociations internationales.

Revenons maintenant à notre sujet : «seule la paix peut arrêter l’occupation » !

Pourtant, tout à chacun n’aura aucun doute du fait que c’est précisément l’occupation qui engendre le conflit.

Or d’après M. l’Ambassadeur, il faudrait en premier lieu faire la paix et par la suite (sans plus avoir aucun moyen de pression car la paix aura été signée) les protagonistes trancheraient de ce qu’adviendrait l’occupation. Curieuse approche !!

Voyons, M. l’ambassadeur prenez le temps de faire quelques analogies avec les autres conflits. Est-ce parce que l’assiégé accepte sans résistance l’occupation que l’occupant se retire ? Personne ne peut croire telle ineptie !

Cependant n’est-il pas vrai (et les exemples pullulent) que c’est à la suite de résistance que l’occupant se retire ? (Les procédés de résistance pouvant être très divers et peuvent ne pas recourir à la violence)

C’est pourquoi M. l’ambassadeur, conforté par d’infinies confirmations historiques, je me permets ce petit rectificatif :

« Seule la fin de l’occupation peut apporter la paix »

Prenez en note pour votre prochaine intervention à l’ONU …

dimanche 17 octobre 2010

Etre photographe et activiste : ActiveStills

ARTE, au sein de son émission Métropolis, consacre un reportage au collectif de photographes-activistes d'ActiveStills - Lien : Métropolis - ActiveStills

Ce collectif s’est donné pour mission de montrer ce que refoule la société israélienne, et que taisent les mass-médias : des instantanés des territoires occupés, la vie avec le mur – derrière lui et contre lui - l’évacuation des habitants en Palestine et en Israël, le quotidien des réfugiés dans les camps, la destruction des villages de bédouins... mais aussi la vie de réfugiés et de travailleurs migrants à Tel Aviv, les brutalités policières, l’ordinaire, la communauté homo de Jérusalem...

Plus de photographies sur leur site Internet : ActiveStills

mercredi 13 octobre 2010

Israël et sa quête de reconnaissance d’un état juif et démocratique

Dans le trop vaste bain de l’actualité israélo-palestinienne vient de manière récurrente l’idée de : "reconnaissance d’un état juif et démocratique".

Plusieurs points sont à soulever face à cet énoncé d’apparence sans grande importance mais pourtant à la fois plein antagonistes et dangereux.

- Premièrement il faut rappeler que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) à reconnu Israël, le 09 septembre 1993 à Tunis (Lien - Le Monde diplomatique - Lettres de reconnaissance mutuelle échangées entre M. Arafat et Rabin). Pourquoi la Palestine se devrait-elle alors à nouveau de reconnaître une confession à cet état ? Demande t-on à la Palestine ou à un quelconque autre état d'entériner la confession d'un pays tiers. D’ailleurs historiquement Truman à reconnu l’état d’Israël à côté duquel l’adjectif juif n’était pas inscrit.

- Deuxièmement, en conséquence des règles de réciprocité communément en vigueur en matière de conflit géostratégique, pourquoi alors que l’O.L.P. à reconnu Israël, Israël n’a pour l’heure jamais reconnu la Palestine ?

- Troisièmement : Etre un état confessionnel et démocratique est un paradoxe absolu, dans la mesure ou cet état n’est pas totalement homogène. Il devra donc faire le choix d’être confessionnel et discriminant envers les individus n’appartenant pas à la religion dominante ou démocratique et se risquant au renversement un jour de la majorité gouvernante. (Lien sur ce blog - Etre un état juif OU démocratique...). De plus, pourquoi s’embarrasser de cette pompeuse formule : "l'Etat juif et démocratique d'Israël" si ce n’est pour apposer deux vœux à caractères contradictoires ? Un état démocratique ne se soucie guère de le crier à tout venant, par contre nombre d’états non-démocratiques usent de ce terme pour s’enorgueillir d’un principe bafoué.

- Quatrièmement, l’état d’Israël n’a de cesse d’appeler à sa reconnaissance, mais dans quelles frontières ? N’est-ce pas par la négociation que ces dernières devraient être établies pour qu’ensuite les protagonistes puissent définir un état en substance et non de principe ? Il serait bon de ne pas inverser le processus du bon sens. Quel inconscient prendrait le risque de reconnaître un état sans en connaître les limites ?

- Cinquièmement, Israël, tout à son habitude, se soucie fort peu d’avoir l’aval des dirigeants palestiniens pour mettre ses projets à exécution. C’est ainsi que le cabinet israélien a approuvé dimanche un projet d'amendement contraignant les candidats non juifs à la citoyenneté israélienne à prêter allégeance à "l'Etat juif et démocratique d'Israël". (Lien - AFP - Israël: le gouvernement a adopté l'allégeance controversée à "l'Etat juif").

Israël est face à un dilemme historique : Annexer les territoires sans leurs populations. Or aujourd’hui plus que jamais ce paradigme est insoluble les terres sont annexées mais tous les Palestiniens n’ont pas fuit lors des exodes massifs et contraints de 1948 et 1967 ! Pourtant Israël souhaite plus que jamais conserver son simulacre de démocratie pour faire partie intégrante des "grandes-puissances". Ainsi, par l’emploi de ces deux adjectifs : démocratique et juif, Israël espère gagner un peu de temps et continuer sa politique de ségrégation et d'annexions à peine dissimulée.

Parenthèse : Aveuglés par leur soutien inconditionnel à l’état d’Israël les Etats-Unis viennent d’inviter mardi l'Autorité palestinienne à : « formuler une contre-proposition à l'offre israélienne de nouveau moratoire sur les colonies en échange de la reconnaissance par les Palestiniens du caractère juif de l'Etat d'Israël. » (Lien - Reuters - Les USA invitent les Palestiniens à formuler leur propre offre)

La proposition Israël consiste, ni plus ni moins, dans ce cas de figure à prolonger un moratoire pour une éventuelle reprise de dialogue (dont l’issue est plus qu’incertaine) en échange d’un fait de terrain qui ne serait alors plus à discuter, alors qu’il s'agit précisement d'un des principaux obstacles des négociations (point qui d’autre part vise à bafouer les droits des citoyens arabes-israéliens et récuse le droit au retour des réfugiés)

Se prenant au jeu M. Yasser Abed Rabbo, un des dirigeants de O.L.P., a alors appelé mercredi l'administration américaine et Israël à "fournir une carte de l'Etat d'Israël qu'il veut que nous reconnaissions". "Si cette carte est fondée sur les frontières de 1967 et prévoit la fin de l'occupation israélienne de tous les territoires palestiniens occupés en 1967, nous reconnaîtrons Israël quel que soit le nom qu'il se donne, conformément au droit international". Bien évidemment le vice-premier ministre israélien, Sylvan Shalom, a immédiatement exclu tout retour aux frontières de 1967. (Lien - Le Monde.fr - Les Palestiniens demandent à Israël de proposer un tracé des frontières).

Alors, Messieurs des Etats-Unis quel crédit allez-vous accroder à la contre propostion ?

Pour prolonger la réflexion : Ce mois-ci le Monde Diplomatique propose un excellent article intitulé : « Un seul Etat pour deux rêves ». Extrait sur le site du Monde diplomatique.