Israël a pour mauvaise habitude de vouloir se débarrasser des tristes événements qui jalonnent son histoire.
Prenons par exemple l’interdiction de commémorer la "Nakba" (mot arabe pour catastrophe) qui désigne l’année 1948 pendant laquelle les Palestiniens ont subi un nettoyage ethnique. [lien – AFP - La Knesset vote une loi contre la commémoration de la "Nakba"]
(Cf. : L’historien israélien Ilan Pappé dans son livre : « Le nettoyage ethnique de la Palestine).
En l’occurrence, il s’agit cette fois du rapport Goldstone ; le magistrat sud-africain Richard Goldstone responsable de la mission d’enquête des Nations Unies sur la guerre de Gaza, a affirmé dans une tribune publiée le 1er avril dans le Washington Post : « Si j’avais connu ce que je connais à présent, le rapport Goldstone aurait été un document différent ».
De fait, immédiatement le Premier ministre Benjamin Netanyahu déclarait : "J'appelle l'ONU à annuler immédiatement le rapport Goldstone. Il faut jeter ce rapport dans les poubelles de l'Histoire" [Lien - France 24 - Israël exige l'annulation pure et simple du rapport Goldstone]
Mais peut être serait-il bon de contextualiser cette déclaration.
Le journaliste René Backmann a rédigé un article très complet à ce sujet dans lequel il montre combien les pressions sur le magistrat ont été fortes : [Lien : L’affaire Goldstone]
Ci-dessous un ensemble d’extraits de l’article témoignant des pressions dont le magistrat à fait l’objet : [
- La haine à son encontre a atteint un tel degré qu’il a du renoncer, il y a un an à assister à la bar mitzvah de l’un de ses petits enfants. Selon le quotidien israélien Haaretz, la Fédération sioniste d’Afrique du sud (SAZF) et le rabbinat avaient conclu un accord avec la famille Goldstone, en vertu duquel le magistrat ne serait pas autorisé à être présent dans la synagogue de Johannesbourg où devait se dérouler la cérémonie. Selon le rabbin Moshe Kurtsag, membre du tribunal rabbinique local, Goldstone avait « fait un tort énorme non seulement à Israël, mais au monde juif. Son nom est utilisé, à travers le monde par tous ceux qui sont hostiles à Israël et cela ne peut qu’accroitre les vagues d’antisémitisme ».
- Pour le Premier ministre Benyamin Netanyahou, il est avec la menace nucléaire iranienne et les roquettes du Hamas « l’un des trois défis stratégiques majeurs d’Israël ».
- Les autres rapporteurs admettent aujourd’hui avoir subi, depuis près de deux ans, « des attaques personnelles et des pressions extraordinaires ».]
Mais comment le juge en est-il arrivé à ces nouvelles conclusions ? Il semble qu’aucun élément nouveau probant ne soit en mesure de justifier ces changements :
Extraits de l'article de René Backmann: [Le problème c’est que la lecture attentive du rapport des experts sur lequel dit s'appuyer Richard Goldstone ne confirme pas les « faits nouveaux » invoqués par Richard Goldstone. Sur la question – capitale – du caractère intentionnel des tirs sur les civils, ce document de 27 pages, rédigé par Mary McGowan Davis, ancien juge à la Cour suprême de l’Etat de New York et Lennart Aspegren, ancien juge à la cour d’Appel suédoise et au Tribunal pénal international pour Rwanda se borne à constater qu’il n’existe « aucune indication montrant qu’Israël a entrepris des investigations sur les actions de ceux qui ont conçu, planifié, ordonné et supervisé l’Opération Plomb Durci ». Ce qui est loin, on le voit, d'apporter un jugement nouveau sur l'intentionnalité des tirs.. » ]
Aussi, si le magistrat Goldstone semble revenir sur ses conclusions les co-auteurs du rapport eux ne semblent pas du tout partager cette approche :
Extrait de l'article de René Backmann: [Le pire, pour Richard Goldstone et le plus gênant pour Israël est venu jeudi d’une tribune sur le site du Guardian, signée des trois autres auteurs du rapport Goldstone. Dans un texte dévastateur où le nom de leur collègue n’est mentionné qu’une fois, Christine Chinkin, Hina Jilani et Desmond Travers, détruisent en quelques lignes ses principaux arguments et affirment qu’ils ne peuvent « laisser sans réponse les calomnies portées sur les conclusions de leur rapport. Les appels à reconsidérer, voire à retirer le rapport, tout comme les tentatives faites pour travestir sa nature et ses objectifs, ajoutent-ils, méprisent le droit des victimes Israéliennes et Palestiniennes à la vérité et à la justice. »]
Alors que pour tant d’autres éléments on insiste à juste raison sur le « devoir de mémoire » et les « leçons de l’histoire ».
Israël semble appliquer le désormais trop célèbre axiome des deux poids deux mesures quand il s’agit de ses propres faits dans les tristes anales de son histoire...
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