Israël ne supporte pas l’accord de réconciliation entre le mouvement Fatah (du président Mahmoud Abbas) et le mouvement Hamas. Certes cet accord n’en est, qu’à ses premières ébauches (et à mon humble avis reste d’une très grande fragilité) mais qu’importe la réaction israélienne ne s’est pas faîte attendre : Suspension d’un montant de 300 millions de shekels (soit 59,6 millions d’euros) due à l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo. [Lien – Libérration.fr - Israël suspend un transfert de fonds à l'Autorité palestinienne]
1) En fait, cet accord de réconciliation inter-palestinien tombe à point nommé pour M. Netanyahu qui s’inquiétait des intentions de l’autorité palestinienne de proclamer unilatéralement la création d’un état palestinien et qui à ce titre entamait un tour en Europe pour tenter de convaincre les chefs d’états de ne pas supporter cette déclaration. Désormais l’argument est tout trouvé : fort d'un amalgame dont M. Netanyahu est si friand, il souhaite faire croire que reconnaître cet état palestinien c’est légitimer le Hamas.
2) Cela démontre qu’Israël souhaitait et souhaite encore une profonde et durable division entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza. L’axiome « diviser pour mieux régner » étant plus que jamais de mise. Ces faits de terrain empêchant de facto toute création crédible d'un état palestinien.
3) Israël témoigne également, dans sa rétention des fonds, de son non-respect absolu des closes des accords signés, dès qu’un élément lui semble contrariant des mesures de rétorsions sévères sont prises immédiatement.
4) L’argument israélien déclamé est : « que cet argent pourrait alors bénéficier aux combattants du Hamas ». Quelle duperie de croire que la branche armée du Hamas s’est un jour financée avec l’argent de l’autorité palestinienne !
5) L’autorité palestinienne dépend en très grande part des financements de l’Union européenne et des Etats-Unis (en raison de la non-viabilité économique des territoires palestiniens, due aux check-points et un arsenal de diverses autres entraves). Ces donations servent pour partie à garantir les salaires des fonctionnaires, la sécurité, etc … De fait l’Europe qui ne souhaitera vraisemblablement pas une crise de fonctionnement des institutions palestiniennes palliera certainement à ses manquements financiers en cas de risque de déclin majeur. C’est donc le contribuable européen et américain qui payera le non-respect des accords d’Oslo par Israël.
Les analystes américains qualifient même cet accord de revers pour les Etats-Unis. Selon eux, cette réconciliation sans leur aval témoigne du fait que : « les Palestiniens ne perçoivent plus Washington comme un acteur dans leurs affaires intérieures. » [lien – Lalibre.be – L’accord interpalestinien un revers pour Obama]
Il est évident que cette réconciliation, si elle s’avère opérante dérange Israël. Car tant que les territoires palestiniens étaient divisés, tout accord de paix, même partiel, (négocié par le seul Fatah, dont le mandat présidentiel de M. Abbas est largement expiré), était de facto caduc et non représentatif. Ainsi, Israël était assuré que rien de sérieux ne pouvait être envisagé lors des processus de paix et que tout ces temps pouvaient être mis à profit pour la colonisation et l'occupation.
Maintenant ?
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