Dans le trop vaste bain de l’actualité israélo-palestinienne vient de manière récurrente l’idée de : "reconnaissance d’un état juif et démocratique".
Plusieurs points sont à soulever face à cet énoncé d’apparence sans grande importance mais pourtant à la fois plein antagonistes et dangereux.
- Premièrement il faut rappeler que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) à reconnu Israël, le 09 septembre 1993 à Tunis (Lien - Le Monde diplomatique - Lettres de reconnaissance mutuelle échangées entre M. Arafat et Rabin). Pourquoi la Palestine se devrait-elle alors à nouveau de reconnaître une confession à cet état ? Demande t-on à la Palestine ou à un quelconque autre état d'entériner la confession d'un pays tiers. D’ailleurs historiquement Truman à reconnu l’état d’Israël à côté duquel l’adjectif juif n’était pas inscrit.
- Deuxièmement, en conséquence des règles de réciprocité communément en vigueur en matière de conflit géostratégique, pourquoi alors que l’O.L.P. à reconnu Israël, Israël n’a pour l’heure jamais reconnu la Palestine ?
- Troisièmement : Etre un état confessionnel et démocratique est un paradoxe absolu, dans la mesure ou cet état n’est pas totalement homogène. Il devra donc faire le choix d’être confessionnel et discriminant envers les individus n’appartenant pas à la religion dominante ou démocratique et se risquant au renversement un jour de la majorité gouvernante. (Lien sur ce blog - Etre un état juif OU démocratique...). De plus, pourquoi s’embarrasser de cette pompeuse formule : "l'Etat juif et démocratique d'Israël" si ce n’est pour apposer deux vœux à caractères contradictoires ? Un état démocratique ne se soucie guère de le crier à tout venant, par contre nombre d’états non-démocratiques usent de ce terme pour s’enorgueillir d’un principe bafoué.
- Quatrièmement, l’état d’Israël n’a de cesse d’appeler à sa reconnaissance, mais dans quelles frontières ? N’est-ce pas par la négociation que ces dernières devraient être établies pour qu’ensuite les protagonistes puissent définir un état en substance et non de principe ? Il serait bon de ne pas inverser le processus du bon sens. Quel inconscient prendrait le risque de reconnaître un état sans en connaître les limites ?
- Cinquièmement, Israël, tout à son habitude, se soucie fort peu d’avoir l’aval des dirigeants palestiniens pour mettre ses projets à exécution. C’est ainsi que le cabinet israélien a approuvé dimanche un projet d'amendement contraignant les candidats non juifs à la citoyenneté israélienne à prêter allégeance à "l'Etat juif et démocratique d'Israël". (Lien - AFP - Israël: le gouvernement a adopté l'allégeance controversée à "l'Etat juif").
Israël est face à un dilemme historique : Annexer les territoires sans leurs populations. Or aujourd’hui plus que jamais ce paradigme est insoluble les terres sont annexées mais tous les Palestiniens n’ont pas fuit lors des exodes massifs et contraints de 1948 et 1967 ! Pourtant Israël souhaite plus que jamais conserver son simulacre de démocratie pour faire partie intégrante des "grandes-puissances". Ainsi, par l’emploi de ces deux adjectifs : démocratique et juif, Israël espère gagner un peu de temps et continuer sa politique de ségrégation et d'annexions à peine dissimulée.
Parenthèse : Aveuglés par leur soutien inconditionnel à l’état d’Israël les Etats-Unis viennent d’inviter mardi l'Autorité palestinienne à : « formuler une contre-proposition à l'offre israélienne de nouveau moratoire sur les colonies en échange de la reconnaissance par les Palestiniens du caractère juif de l'Etat d'Israël. » (Lien - Reuters - Les USA invitent les Palestiniens à formuler leur propre offre)
La proposition Israël consiste, ni plus ni moins, dans ce cas de figure à prolonger un moratoire pour une éventuelle reprise de dialogue (dont l’issue est plus qu’incertaine) en échange d’un fait de terrain qui ne serait alors plus à discuter, alors qu’il s'agit précisement d'un des principaux obstacles des négociations (point qui d’autre part vise à bafouer les droits des citoyens arabes-israéliens et récuse le droit au retour des réfugiés)
Se prenant au jeu M. Yasser Abed Rabbo, un des dirigeants de O.L.P., a alors appelé mercredi l'administration américaine et Israël à "fournir une carte de l'Etat d'Israël qu'il veut que nous reconnaissions". "Si cette carte est fondée sur les frontières de 1967 et prévoit la fin de l'occupation israélienne de tous les territoires palestiniens occupés en 1967, nous reconnaîtrons Israël quel que soit le nom qu'il se donne, conformément au droit international". Bien évidemment le vice-premier ministre israélien, Sylvan Shalom, a immédiatement exclu tout retour aux frontières de 1967. (Lien - Le Monde.fr - Les Palestiniens demandent à Israël de proposer un tracé des frontières).
Alors, Messieurs des Etats-Unis quel crédit allez-vous accroder à la contre propostion ?
Pour prolonger la réflexion : Ce mois-ci le Monde Diplomatique propose un excellent article intitulé : « Un seul Etat pour deux rêves ». Extrait sur le site du Monde diplomatique.
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