vendredi 10 décembre 2010

Nouveau - Carnet d’occupation (annexe photographique de ce blog)

Carnet d’occupation a pour vocation de présenter mes photographies réalisées au sein des territoires palestiniens en vu de témoigner des souffrances quotidienne d’un peuple.
Vivre sous occupation c'est ployer sous une chape de faits humiliants, mais aussi subir une pression morale qui accable chaque instant et s’immisce dans toutes décisions, se sentir à la merci d'une injustice aveugle qui pourra vous saisir en tous lieux et à toutes heures...

Carnet d'occupation est le témoignage visuel de ce que j'ai vu, vécu et de ce que les Palestiniens endurent chaque jour. Ces jours qui s'écoulent et qui charrient leurs lots de larmes, de déchirures et d'injustices ...

Lien : Carnet d’occupation (ou en cliquant sur le Diaporama)

jeudi 9 décembre 2010

Mode opératoire des négociations israélo-palestiniennes... les recettes d'échecs assurés.

« Comme ses prédécesseurs, le président américain Barack Obama semble s'être à son tour cassé les dents sur le conflit du Proche-Orient qui perdure depuis plus de 60 ans.

Son incapacité à obtenir une reprise sous égide américaine du dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens met fin à l'illusion qu'il pourrait être réglé d'un coup de baguette magique - qui plus est dans un délai d'un an. »

Tel est l’extrait d’une dépêche Reuters publiée par le Point.fr en ce mercredi 08 décembre 2010. [Lien – LePoint.fr –Barack Obama se casse les dents sur le conflit du Proche-Orient]

Mais comment avons-nous pu entretenir l’espace d’un instant une illusion aussi puérile ?

En effet, avons-nous cru que la seule accession du pouvoir à M. Obama inverserait de facto cette politique israélienne si profondément assumée ?

Pourquoi même alors qu’aucun changement d’approche important n’a été entrepris, Israël devrait pour les beaux yeux de M. le Président américain assouplir sa politique ?

Pourquoi en effet ?

En considérant l’histoire contemporaine d’Israël on peut constater que de toutes les opérations majeures (aussi destructrices soient-elles, aussi contraires aux droits de l’homme) entreprises par Israël le pays n’en ressort qu’avec des dommages minimes (ou aucun … si ce n’est de stériles déclarations)

Pour appuyer cette affirmation il n’y a qu’à considérer les faits :

- Accession d’Israël à l’OCDE [Lien - sur ce Blog - Israël intègre l'OCDE ... ou le plébiscite de sa politique ]

- Signature et maintient des programmes de coopération Israël – Europe et accord d'association entre l'Union européenne et l'État d'Israël [Lien - Commission européenne - Programmes de coopération extérieur]

- Aide militaire américaine à Israël [Lien – Nouvelobs.com - Aide militaire américaine à Israël de 30 milliards de dollars sur dix ans ]

- Utilisation depuis 1967 à 39 reprises du droit de veto américain pour empêcher la condamnation d'Israël par le Conseil de Sécurité. [Lien – Lepost.fr - Liste des vetos américains au Conseil de Sécurité des Nations unies concernant le conflit israélo-palestinien]

- Les très nombreux avantages et cadeaux dont bénéficie Israël en provenance des puissances étrangères. Ainsi, le jour même où les Etats-Unis renonce à la demande d’arrêt de la colonisation la chambre des représentants américains approuve l'octroi de plus de 200 millions de dollars pour aider Israël à déployer un système de défense antimissile [Lien – AFP - Aide américaine à Israël pour un système antimissile]. L’article se poursuivra en citant le démocrate Steve Rothman : "Il s'agit du dernier exemple qu'en matière de coopération militaire, de défense et du renseignement, la relation entre les Etats-Unis et Israël n'a jamais été aussi forte"

- Et lorsque M. Obama semble vouloir hausser le ton il est vite rappelé à l’ordre par le sénat [Lien - AFP - Les sénateurs américains réclament une accalmie avec Israël]. Extrait : "Plus des trois quarts des sénateurs américains ont réclamé mardi à l'administration Obama une accalmie dans les relations avec Israël après la polémique provoquée par la construction de logements israéliens à Jérusalem-Est."

C’est avec les moult pressions énoncées ci-dessus que l’on obtient ce type de résultats :

- Israël bafoue actuellement 34 résolutions du conseil de sécurité des Nations-Unis.

- Israël bafoue le droit international, en particulier la close de la convention de Genève qui stipule qu’il est interdit à l’état occupant de transférer sa population civile au sein de territoires occupés. Or qu’est ce que la colonisation si ce n’est l’exacte pratique de cette interdiction ?

- Israël va à l’encontre des décisions prises par la cour internationale de Justice, qui en 2004 avait déclaré illégale la construction du "mur de séparation" et ordonné son arrêt.

- Israël maintient l’étau de son occupation avec ses conséquences malgré les rapports de L'ONU critiquant sévèrement ces faits. Son ainsi relevé : Les assassinats ciblés, la torture, l'impunité des forces de l'ordre et de l'armée, "l'utilisation courante" de mesures de détention administrative sans procès, notamment d'enfants, les restrictions de liberté de circulation, les "fréquentes" démolitions de maisons et d'écoles en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que des discriminations en matière de logement [Lien - AFP - L'ONU critique sévèrement Israël ]

- Ajoutons quelques exemples de hauts-faits les plus récents :

1) Guerre du Liban en 2006. Au moment du cessez-le-feu, le 14 août, 1191 personnes (dont des centaines d'enfants) avaient été tuées et plus de 4400 avaient été blessées [Lien - Rapport d’amnesty international - ISRAËL-LIBAN. Des attaques disproportionnées : les civils, premières victimes de la guerre (RÉSUMÉ)]

2) Guerre de Gaza en 2009 [Lien sur ce Blog – Gaza : Plutôt que de faire face à des faits trop "encombrants" ... Israël déploie l'arsenal médiatique - Cet article fait également une synthèse d'une série d'articles et dépêches datant de l’offensive à Gaza qui relèvent les très nombreux agissements israéliens et violation des droits de l'homme.]

3) Attaque de la flottille pour Gaza [Lien – Courrier international (Trad. The Independent) - L'insupportable silence des politiciens occidentaux]

Voilà donc le fruit de nos courbettes sans cesse répétées et de notre ardeur à dialoguer (selon ces procédés) avec Israël.

On notera que de très nombreux pays ne se conformant pas aux souhaits des "grandes puissances" se voient subir un vaste panel de sanctions … Israël, lui, se voit infligé des rasades de privilèges et cadeaux.

En considérant les bénéfices engrangés par l’actuelle politique israélienne comment ces derniers pourrait-ils vouloir en dévier d’un iota ?

Lorsque les négociations échouent les dons, aides, subventions, partenariats n’en sont nullement affectés.

Lorsque la colonisation dissèque la Palestine, Israël se pavane dans nos hommages à sa démocratie.

Pourquoi céder ne serait-ce qu’un olivier des territoires palestiniens ? Alors qu’à l’heure d’aujourd’hui Israël exploite sans sourciller les richesses de Cisjordanie ….

- Exploitation de la partie palestinienne de la mer morte à des fins touristiques et dans le commerce des produits de beauté.

- Sur-exploitation des aquifères de Cisjordanie au principal profit d’Israël et des colonies [Lien - liberation.fr - Amnesty accuse Israël de priver les Palestiniens d'eau en Cisjordanie]

- Occupation des terres pour y construire des logements civils : environ 500 000 colons comptabilisés entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie.

- Exploitation agricole massive israélienne de la vallée du Jourdain en Cisjordanie.

- Utilisation des terres palestiniennes pour des bases et des entrainements de l'armée, etc, ...

En réalité c'est l’occupation même des peuples qui est prise en charge par les contribuables occidentaux ! Les traités internationaux stipulent pourtant que les besoins des populations occupées doivent être pris en charge par l’occupant [Lien - Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949. ]

Pourtant, dans le cas des territoires palestiniens il n'en est rien ! C’est premièrement l’Europe puis les Etats-Unis qui à coût de milliards débloqués pour l’autorité palestinienne contribuent au non-éclatement des territoires économiquement invivables.

Et voilà qu’après tous ces constats Israël devrait sur de simples demandes américaines : NEGOCIER !!

Mais négocier pourquoi ? Que met-on dans la balance ?

C’est ainsi que ne voulant rien changer sur le mode opératoire, rien ne changera entre Israéliens et Palestiniens. Les premiers continueront de faire semblant de vouloir négocier une paix qu’ils ne recherchent nullement (les faits m'en sont témoins) ; les seconds quant à eux continueront de se voir occuper, déposséder et humilier …

Puis, …

Un jour, …

Quelqu’un comprendra enfin que toute négociation est sous-tendue par un rapport de force … alors … alors s’écrira peut être une nouvelle page de l’histoire proche-orientale !

lundi 6 décembre 2010

L’Argentine et le Brésil reconnaissent la Palestine comme un état libre et indépendant à l'intérieur des frontière de 1967

L’Argentine, le Brésil (et fort probablement bientôt l’Uruguay) reconnaissent la Palestine comme un état libre et indépendant à l'intérieur des frontières de 1967.

La dépêche AFP : L'Argentine "reconnaît la Palestine comme un Etat libre et indépendant"

Evidemment Israël par la voie du porte-parole du ministère des Affaires étrangères juge "regrettable" et "décevante" la décision de l'Argentine de reconnaître la Palestine comme "un état libre et indépendant à l'intérieur des frontières de 1967".

Ajoutant : « C'est une déclaration décevante qui est contraire à l'esprit des accords entre Israël et Palestiniens et de la négociation de paix", a souligné M. Palmor, estimant que "si l'Argentine avait voulu faire une véritable contribution à la paix, il existe d'autres moyens que ce geste purement rhétorique". [Lien – AFP - Israël regrette la décision argentine de reconnaître la Palestine]

Mais …

S’il y a en effet fort peu de chance que cela puisse mener à une inflexion sur le terrain, n’est pas là simplement une approche alternative qui mérite d’être considérée ?

Pourquoi ?

Simplement, parce qu’il semble que les approches envisagées ces 20 dernières années (particulièrement depuis les accords d’Oslo) se sont montrées pour le moins stériles si ce n’est même contraire aux objectifs fixés. Ainsi, j’écrivais dans un article antérieur [Lien : Droit de réponse : Le boycott d’Israël est une arme indigne] : « […] Citez-moi s’il vous plait quelques améliorations dans le quotidien palestinien depuis 60 ans : Plus de colonies, un mur annexant puits et terres fertiles, une vallée du Jourdain confisquée, Jérusalem ceinturée de colonies et catégoriquement hors négociations, des milliers de prisonniers non jugés, l’absence de droit sur l’eau, … Alors quels sont les fruits du CE dialogue prôné? Il n’est en effet pas inenvisageable de poursuivre de la sorte, mais pourquoi vous semblerait-il inenvisageable de revoir nos approches ?

Car effectivement, je pense que c’est par l’unique usage du DIALOGUE que des solutions seront envisagées, mais puisque toute négociation est, avant tout, sous-tendue par un rapport de force, si notre interlocuteur sait pertinemment que l’on cèdera toujours (rapport Goldstone dénigré, résolutions de l’ONU bafouées, illégalité de la construction de mur prononcée par la cour internationale de justice, …), il prendra notre rhétorique pour ce qu’elle est : une douce brise et alors rien ne l’encouragera à opérer quelques virages.

Tant que nous nous contenterons de vaines déclarations et que nous piétinerons nous même nos traités internationaux alors OUI rien ne changera … […]

C’est pourquoi, malgré le manque d’influence notable de ces états dans la balance du conflit, l’initiative se montre osée et dénote d’un changement d’approche qui, peut être, petit à petit infléchira doucement l’excès d’aveuglement dont nos pays occidentaux sont victimes.